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Photo du rédacteurJustine Poncet

Mon enfantement à domicile

Certaines l'auront suivi sur mes réseaux, j'ai été jugée par une psychologue la semaine avant mon enfantement sur mon choix d'enfanter à mon domicile avec la présence de mes deux filles ainées.


Pour replacer le contexte, mon ainée tenait vraiment à être présente pour la naissance, nous avons préparé nos filles à l'éventualité de leur présence, mais également de leur absence (école, durant la nuit, etc.). Pour cela, je leur ai montré des vidéos d'enfantement à domicile (on en trouve plein sur youtube), je leur expliqué la naissance et j'ai bien sûre répondu à toutes leurs questions durant ma grossesse. Nous avons demandé à ma maman d'être présente le jour J pour s'occuper des filles, en étant à leur disposition si elles désiraient quitter la maison ou au contraire pour s'en occuper que papa puisse pleinement être dans son rôle de support avec moi. Notre sage-femme était bien entendue ok avec leur présence, bref nous avions tout mis en place pour leur bien-être et leur sécurité. Et pourtant, une psychologue s'est permise de me juger sur notre projet, en allant même jusqu'à le dénoncer à notre pédiatre... Heureusement, notre pédiatre n'a pas donné de suite et nous a fait entièrement confiance, elle a même eu l'occasion d'en discuter avec notre sage-femme. Je rappelle néanmoins les conditions légales pour accoucher à domicile en Suisse :


Est-ce que tout le monde peut accoucher à la maison ?

L’accouchement à domicile n’est pas adapté à toutes les situations. La sage-femme acceptera de vous accompagner pour un accouchement à domicile si vous ne présentez pas de facteurs de risque et que votre grossesse est physiologique (sans complication).

Les critères d’éligibilité sont les suivants (liste non exhaustive):


  • Être enceinte d’un seul bébé, positionné la tête en bas

  • Avoir un accouchement qui se déclenche entre la 37ème et 41-42ème semaine de grossesse

  • Ne pas avoir de problèmes médicaux importants (maladie cardiaque ou rénale, problèmes de coagulation, diabète (type 1 ou gestationnel insulino-dépendant), pré-éclampsie, saignements, etc.)

  • Avoir un placenta normalement inséré (qui n’est pas situé proche ou sur le col)

  • Ne pas souffrir d’herpès génital actif

  • Ne pas avoir donné naissance par césarienne à votre précédent bébé

  • Être motivée et renseignée sur l’accouchement à domicile

  • Être consciente qu’il n’y a pas de possibilité d’avoir une péridurale ou des antalgiques à domicile






Nous voilà, le matin du 26 septembre. Lorsque je me lève à 06h pour débuter ma journée, je découvre que ma poche des eaux s'est fissurée. Je n'ai que quelques contractions, légères. Je décide donc d'envoyer un petit message à mon mari, ma maman, ma sage-femme, mes amies et ma photographe pour les avertir puis je reprends le cours de ma journée. Lever les filles, les faire déjeuner, puis les amener à l'école.


Arriver sur les coups de midi, les contractions se font plus intenses, voilà que tout le monde arrive. On décide de garder Erine à la maison, qu'elle puisse être présente si la naissance arrive. Seulement voilà, le travail va se mettre en pause une bonne partie de l'après-midi...




On décide de mettre un petit moment le monitoring, pour écouter bébé et s'assurer que tout se passe toujours bien. L'occasion pour les filles d'entendre le bébé, d'ailleurs Erine va même faire l'expérience d'entendre son propre coeur.



Puis vers les 18h, le travail reprend. Le temps de partager une bonne pizza tous ensemble, remplir la piscine et nous voilà en route pour la rencontre...


J'entre dans l'eau, si chaude, et je peux commencer à entrer dans ma bulle. Ma maman est présente pour gérer mes filles depuis le début, les sages-femmes se font discrètes, j'ai l'impression d'être seule avec Jessy. Je ne pourrai pas dire ce qu'il se passe autour, je suis dans ma bulle, je me concentre sur mon corps, mes ressentis et ce bébé qui arrive... Je sens parfois les filles autour de moi, Elona vient me caresser les cheveux, Erine vient me tenir la main. Je me sens en sécurité et surtout entourée d'amour et de soutien.



Le travail devient très intense, moi qui pensait pouvoir gérer sans bruit, voilà que je commence à élever la voix. Les filles sont autour de moi, j'essaie de ne pas leur faire peur, mais je ne peux pas retenir ma voix. J'entends Jessy qui les rassure, qui leur sourit, tout le monde fait en sorte de les rassurer, de les mettre en confiance. Je commence à perdre pied, ça devient difficile, c'est long, j'en ai marre...


Mais voilà, bébé n'arrive pas. Après un contrôle, ma sage-femme m'annonce que j'ai un rebord de col et que je vais devoir pousser ! Je suis dans mon sommet, je m'effondre, je ne pense pas avoir la force, et pourtant je n'ai plus le choix, bébé est là et il a besoin de moi. Je me mets donc à pousser de toutes mes forces ! J'ai tellement mal, voilà que la tête est passée, encore une poussée pour faire passer les épaules, quelle douleur, c'est tellement intense !




22h02 et le voilà, bébé est entre mes bras! J'ai hurlé, j'ai tout donné ! Mon premier réflexe est de voir les filles, grand sourire aux lèvres. Après quelques minutes pour reprendre mes esprits, je me rends compte que tout le monde est autour de moi, tout le monde attend de savoir... Nous décidons donc de découvrir tous ensemble que c'est un petit garçon, notre petit prince.




Le plus dure est passé. Il reste encore la délivrance, mais pour cela, je sors de la piscine et rejoint mon canapé. Après cela, il est venu le moment des premiers contrôle de bébé, de faire une empreinte placentaire, puis de le nettoyer pour en faire un placenta lotus.




Le temps de redescendre, de reprendre nos esprits. Papa est au ange, son fils est né, il est encore pleinement bercé par les hormones de la naissance. Il aura même osé me dire "on en refait 10, mais 10 à la maison !". Mon dieu, laisse moi oublier avant ça !


Ma maman se remet de ses émotions, les filles accueillent leur petit frère, avant de tomber de fatigue dans les bras de Morphée.


Ce fut une expérience incroyable, encore une fois, j'ai touché à ma pleine puissance. Mon mari a été formidable, soutenant et attentionné. Je ne remercierai jamais assez ma maman pour sa présence auprès de mes filles, je sais que ce n'était pas facile, la journée a été longue, mais elle leur aura offert le plus beau des souvenirs !


Merci à ma sage-femme pour son travail extraordinaire, d'avoir respecté nos choix, de nous avoir soutenu et d'avoir pleinement laissé sa place à mon mari ! Merci à notre photographe pour ces clichés magnifiques qui nous permettent de nous replonger dans cette journée !


Photos faites par Johanna Rohrbasser : https://johannaphotographie.com/




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